yohko_kurama a écrit : Ensuite je dis ce que j'ai envie de dire Neclord tu peux faire des post aussi beaux soient(ils ça ne changera pas ma vision des choses.
Merci du compliment
Non mais je ne veux aucunement t'empêcher de dire ce que tu veux, mais j'aimerais rectifier certains trucs assez récurrents dans les réflexions actuelles, et souvent pas très réfléchies vu que résultant d’effets de mode.
yohko_kurama a écrit :Sony (ps1 et 2) a fait largement mieux que Nintendo ne pourra le faire avec sa wii et pourtant eux baissaient les prix quand bien même il n'avait pas de concurrence. Donc pas si incohérent que cela ce que je dis.
Si si, tout à fait incohérent je trouve. C’est quoi, « faire mieux » ? Quels sont les critères ? Tu dis que Sony a
fait mieux avec la PS1 et PS2 que Nintendo ne le fait avec la Wii. De 1, vu que tu connais toi aussi le marché, je ne t'apprendrai donc rien en te disant que cette comparaison est foireuse; justement dans le domaine du jeu vidéo où le marché évolue si vite avec des ruptures si violentes que les "générations" de console, les comparer les unes aux autres ça tient pas debout. Ca reviendrait à dire que la PS2 est mieux que la Super Nes parce qu'il s'en est vendu près d'une fois et demi plus, ou que sa notoriété était supérieure, ou qu’elle disposait de plus de jeux, pourtant ça n’a pas de sens puisqu’on omet tout l'environnement et les facteurs de contingences qui ont été simplement bouleversés entre ces deux périodes.
L'univers du jeu vidéo a complètement changé, et je ne parle pas seulement des produits, mais aussi des consommateurs, du marché où le loisir devient autrement plus accessible (et donc la concurrence autrement plus dynamique pour cibler des clients différents), de l'évolution des mentalités et de la démocratisation dudit loisir, dont les cibles deviennent de plus en plus variées. Les stratégies de vente, de ciblage clients, sont donc foncièrement différentes.
De 2, pour peu qu'on omette le point 1 et qu'on tienne quand même à comparer, faisons-le dans les règles de l'art. Pour ma part quand je pense à l’aspect de mieux faire, je pense aux chiffres (ça tombe bien, vu que c'est justement mon domaine de travail), et comme on peut leur faire dire n'importe quoi, je pourrais alors te dire que, à période égale, la Wii a fait "mieux" que la PS2 lors de son départ.
Prenant par exemple quelques comparaisons basiques extraites d'une petite étude de JoshuaJslone, de Neogaf (qui pour rappel est un des plus hauts lieux virtuels du jeu vidéo) :
JoshauJslone a écrit :
Wii comparisons : At 31 weeks, Wii is where GCN was at 119.2 weeks (December 22, 2003), where GBA was at 22.3 weeks (August 21, 2001), where DS was at 37.0 weeks (August 13, 2005), where PS2 was at 35.0 weeks (October 29, 2000), and where PSP was at 58.0 weeks (January 15, 2006).
Une bête analyse par période montre que la Wii a eu un meilleur départ à période égale (90 premières "périodes"
*) que la PS2 à son époque, qui est aujourd'hui la console qui s'est le plus vendu au monde avec environ 136 millions d'unités sur une période de près de 9 ans.
C'est bête oui, mais c'est que je vois pas trop ce que tu entends par « mieux », du coup là je te montre que Nintendo a fait mieux que Sony en terme de chiffres, lors du lancement de la Wii
*J'édite juste pour rajouter le lien un peu plus complet de la comparaison, à tout hasard si ça intéresse quelqu'un, c'est une comparaison uniquement relative à la Wii. Par contre il bug avec le BBCode, faut le copier/coller :
Si ce n’était pas une idée de chiffre, on peut regarder la politique stratégique de gestion des coûts (de laquelle découle généralement la gestion des prix sur un marché comme celui des jeux vidéos), celle-ci est facilement explicable d’ailleurs, tout comme les critiques qui en découlent.
Une parenthèse amusante à ce sujet : lors de son lancement, la PS2 était vendue 2’990 FF (300$ en Amérique, soit ~ 2100 FF) en France. Sony avait imposé ce prix de vente unique (de même pour les jeux à 339francs à l’époque) et a été condamné pour cela à 800'000 euros d’amende. A côté de quoi on se souvient aussi de la polémique qui courrait sur la rupture de stock dite volontaire (le contraire fut étonnant) pour faire exploser la demande à la sortie de la console… C’est peut-être là que Sony a fait « mieux » que Nintendo. Blague à part, des coups bas, on en trouve chez chacun.
Concernant le prix de lancement de la PS3, il était de 499€ en Europe pour la version de base. Les deux consoles de Sony sont donc largement plus chères qu’une Wii, qui elle a été commercialisée à 250$ en Amérique et 250€ en Europe. Mais évidemment, là n’est pas l’argument qu’on nous avance généralement pour énoncer le problème.
Le fait est que Nintendo a des coûts de production par console, selon les chiffres, d’approximativement 109€ par pièce pour les revendre plus de deux fois plus cher. Ils l’ont eux-mêmes avoués, et ça fait grimper tout le monde au plafond, d’autant qu’à côté de ça, Sony vient avec ses gros sabots se targuer de « perdre » plus de 400$ par pièce vendue.
C’est un argument très vendeur que de dire cela d’ailleurs. Mais ça n’en reste pas moins une bête stratégie commerciale, qui vise une rentabilité financière différente, pour le coup par une stratégie de subventionnement croisé (vendre un produit bas et se rattraper sur d’autres). Aujourd’hui, David Reeves, Président de Sony Europe, indique que le prix de revient qui est à peu près descendu à 450$ (pour un prix de vente de 400$) devra être encore descendu, pour commencer à faire du profit à cause de la baisse des ventes de la console (problème conjoncturel imprévu donc). Déjà on remarque que le prix de revient du matériel « high-tech » utilisé a chuté pratiquement de 50% en quelques mois, ce qui explique bien pourquoi Sony est pratiquement obligé de baisser ses prix si régulièrement, vu qu’ils utilisent généralement toujours les derniers composants qui baissent très vite et de manière très importante, ils sont ainsi beaucoup plus dépendants du marché dans leur variation de prix que Nintendo qui subit moins cette pression technique.
Tout indique donc que, si ce n’est que maintenant que le « problème » du prix de revient se fait sentir, c’est que jusque là leur politique marchait comme prévu, et que ce n’était pas pour autant un « cadeau » fait aux clients, mais un budget tout à fait planifié. Leur position s’explique en fait très facilement : vu les deux concurrents présents sur le marché (respectivement Nintendo et Microsoft), qui eux n’avaient aucun problème pour jouer sur leur prix (ils sont les deux bénéficiaires), il n’était simplement pas envisageable de s’y insérer avec un prix pratiquement 4 fois supérieur au plus bas (le coût de revient de la PS3 ayant été estimé au tout début à 800 et quelques dollars).
Comme l’argument principal de Sony était une architecture ultra-performante (et coûteuse), ils ne pouvaient pas faire de compromis là-dessus et se sont orientés à l’inverse de Nintendo, vers cette dite politique de vendre à perte, avec un amortissement rapide des composants, ce qui était leur unique moyen de rester dans la course ; ceci étant, ils ont derrière eux l’ensemble de la firme pour les soutenir (oui parce que l’investissement dans un tel projet n’incombe pas juste au segment Sony Computer Entertainment), à savoir une diversification des segments et des marchés importantes et un chiffre d’affaire de 56 milliards d’€ durant l’année 2008, ça aide. A côté, Nintendo fait presque pâle figure avec « à peine » 10 milliards de chiffre d’affaire sur la même période, répartis uniquement dans… les jeux-vidéos, ce qui ne leur permet évidemment aucunement d’appliquer le même genre de stratégie que Sony, principalement à cause du manque de diversification (et en moindre partie à cause d’un budget moins flexible).
Du coup, cette politique de prix de Nintendo, si elle est critiquée par les « gamers » c’est avant tout grâce à un embobinage entre autre de Sony qui a parfaitement su exploiter cet aspect en se faisant passer comme un pauvre diable en jouant la carte de « nous on perd de l’argent, Nintendo en gagne », en ramenant tout à l’échelle du profit unitaire, et sans pour autant aborder l’aspect vital du long-terme. Fondamentalement, ils n’ont pourtant rien fait d’autre qu’appliquer un système élémentaire de stratégie, tout comme l’a fait Nintendo, et globalement ils n’y perdent ni n’y gagnent beaucoup plus qu’eux; aucune firme en effet ne produit à perte soit à long terme, soit globalement, c'est impossible.
Ce que je remarque alors, c’est que Sony vend une console au hardware surfait et expérimental, ultra coûteux et au risque élevé de failles technologiques (par exemple le lecteur bluray, qui à l’époque de la création de la PS3 n’avait fait quasiment aucune preuve et coûtait près de 1000$ à la production…), et tout cela au prix déjà très important de 500$ à sa sortie. A côté de quoi Nintendo fait sa console avec un matériel bien plus modeste, testé et éprouvé, et la vend 250$.
Alors perso’, je trouve plus important de noter la différence de prix de vente des consoles, du simple au double pour un « centre » de divertissement (comme se plaisent à l’appeler les principaux constructeurs), que de noter que les deux firmes n’ont pas usés de la même stratégie de vente, et des mêmes rabais… parce que quoiqu’on en dise, les deux consoles sont en concurrence directes, et cela malgré qu’elles aient des composants radicalement opposés.
On ne va pas reprocher à une VW Golf de ne pas posséder le moteur d’une Porsche 911 GT2… d’autant que la finalité, c’est simplement d’arriver à destination – respectivement pour rapprocher la métaphore au sujet : de s’amuser quelque soit le « moteur ».
yohko_kurama a écrit :je disais ça pour vous permettre de constater qu'elle est loin d'être complète... mais bon apparemment vous ne voyez que ce que vous voulez voir. D'autant plus que sur les autres consoles les genres sont bien meiux représenté.
Sans méchanceté aucune, je répondrais que c’est plutôt toi qui voit ce que tu veux voir. Tu dis qu’elle n’est pas complète ; oui, selon toi elle n’est pas complète parce qu’elle ne dispose pas des genres qui, pour toi, définissent le jeu vidéo que tu connais. Mais limiter le jeu vidéo à des genres, c’est se fermer à toute innovation structurelle.
Alors bien sûr, c’est très con : on met un capteur de mouvement sur la webcam et oh ! On a l’Eye Toy de Sony. On invente la Wiimote qui est équipée de capteurs pour se repérer dans l’espace, et on a la Wii, qui au lieu d’être un gadget pour console est une console à part entière… C’est pas plus compliqué. Et pourtant il fallait avoir le culot de commercialiser ce « gadget » comme une console, Nintendo l’a eu et a accroché un tout nouveau marché, puisqu’ils ont réussi à devenir la firme qui a vendu le plus de console de cette génération de console.
Ce qui entre dans la réflexion à ce niveau, ce n’est pas tant de se figer comme tu le fais sur l’existant, mais plutôt de se demander pourquoi la Wii, alors qu’elle ne dispose justement pas de ces fondamentaux que tu définis, marche si bien ? On peut hypothétiquement avancer, comme beaucoup le font, que c’est simplement une extension du marché à un public néophyte. Mais c’est tout aussi pertinent de se dire qu’il s’agit d’une potentielle évolution du loisir, d’un reciblage des désirs latents des clients, d’une adaptation à un univers de plus en plus interactif où on ne veut plus juste « cliquer » mais aussi s’intégrer plus profondément par l’acte ; ce qui ressort depuis longtemps, avec des extensions utilitaires comme les volants, les joysticks pour les avions, les instruments de musiques, etc… bref, ce n’est pas pour rien que la Wii marche si bien, et la critiquer sans y réfléchir, c’est négliger toute une réflexion qui va probablement évoluer et prendre une place croissante dans le domaine, dans les années à venir.
Ce qui va d’ailleurs totalement dans le sens du projet natal auquel tu fais allusion. Le problème qui se pose à mon avis, ce sera le même que l’Eye Toy : Nintendo en sortant une console uniquement dédiée à ce genre de jeu oblige les développeurs à s’en servir (pour ça aussi que Nintendo se trouve un des seuls à produire ses jeux). Alors que l’Eye Toy par exemple, c’était un gadget à utiliser « si on veut », et du coup le développeur n’a pas envie de s’y risquer et le joueur non plus, parce que ça reste un accessoire. Si à la base, la console est définie ainsi, il y aurait à mon avis bien plus de chance de créer une réelle révolution – typiquement comme la Wii, qui en soi n’utilise pas d’innovation majeure, mais qui l’insère dans un système global et cohérent, et pas juste comme accessoire.